Des chercheurs et des industriels en visite

Mardi 21 juillet, le jour du montage de la seconde meule, les Charbonniers du Fleckenstein ont reçu la visite de chercheurs et anciens industriels de la carbonisation du bois venant du Cantal, de la Nièvre et de Lorraine, venus échanger et s’informer.


Les chercheurs ont été invités à monter sur la meule pour le rituel du baptême de « la meule de la recherche »,
avec le traditionnel verre de schnaps, dégusté puis versé dans la cheminée d’allumage.
De gauche à droite : Jacques Boizot, Charles Schlosser, Gérard Fromager et Anthony Dufour.

Les visiteurs, chercheurs et anciens industriels, ont été accueillis chaleureusement. Les membres des Charbonniers ont pris le temps de les renseigner : un lien d’échange s’est créé, et les chercheurs envisagent de revenir à Lembach régulièrement.

Leur objectif était de mieux comprendre et de préserver le savoir-faire des charbonniers. En effet, ceux de Lembach sont les héritiers d’un savoir-faire ancestral sur la carbonisation en meule : « Notre objectif est de réaliser un inventaire des technologies ancestrales, mais aussi plus modernes de carbonisation, ont rappelé les chercheurs. Nous voulons rappeler aux forestiers, ingénieurs et politiques le grand intérêt de la carbonisation pour la filière bois. Elle permet de créer des emplois et de la richesse locale dans nos territoires ruraux. La carbonisation est une technologie d’avenir pour le développement durable local. »

Une technologie pleine d’avenir : des champs à la chimie

Selon leurs constats, la carbonisation, ou en terme plus technique, la « pyrolyse » du bois, redevient une technologie d’intérêt pour de nombreux industriels et pour l’environnement. En effet, le charbon de bois peut être brûlé dans les barbecues, mais aussi épandu sur les sols agricoles pour réduire la consommation des engrais. Il est également un excellent puits de carbone pour réduire le réchauffement climatique. La carbonisation moderne peut produire de nombreux produits chimiques verts, de l’électricité, de la chaleur… La France avait déjà développé les bio-raffineries basées sur la carbonisation, totalement intégrées à la filière bois et créatrices d’emplois locaux. Malheureusement, ces usines ont fermé pour laisser la place aux immenses raffineries pétrolières. Mais il est encore temps de préserver le savoir-faire des charbonniers, en écoutant les anciens.

Trois chercheurs-auteurs sur la meule

Mardi en fin de matinée, les Charbonniers ayant réalisé en un temps record le dressage d’une meule de 40 stères de bois, le président Charles Schlosser a invité Gérard Fromager, Jacques Boizot et Anthony Dufour à monter sur la meule pour le rituel de son allumage.

La biographie des trois hommes est impressionnante. Gérard Fromager est le concepteur et créateur du Comptoir cantalien de carbonisation, à Neussargues dans le Cantal, qui compte deux fours Lambiotte, 12 000 tonnes de charbon de bois ensaché par an. Il est co-auteur du Guide technique de la carbonisation et a participé à l’élaboration de la plate-forme de mesure des fours forestiers à Saint-Victor (15) et à l’amélioration des rendements des fours forestiers Merchez. Il a déposé un brevet et assuré la réalisation d’une unité de cornues en Haute-Loire. Son activité de carbonisation est complétée par la création et le développement des industries du bois (scieries, menuiseries industrielles), en France et à l’étranger.

Jacques Boizot est docteur en biochimie du bois et de la pyrolyse, ancien directeur technique de l’usine Lambiotte de Premery (58), la première usine de carbonisation d’Europe, spécialiste de la valorisation du bois, des petits bois et ancien directeur de l’usine Fontex de Lezoux (63).

Anthony Dufour est chercheur au CNRS à Nancy. Il travaille sur la pyrolyse et la gazéification du bois avec de nombreux partenaires industriels nationaux et internationaux (États-Unis, Australie, Canada, Allemagne, entre autres). Ses recherches ont pour objectif de mieux valoriser les sous-produits de la filière bois, en chimie verte et en énergie (en électricité, chaleur et carburants). Il cherche, aussi, à préserver les savoir-faire technologiques développés en France depuis des siècles.

Texte et photo : Hub. K