Les Charbonniers craignent de perdre la traditionnelle meule

Samedi 22 juillet, les Charbonniers du Fleckenstein se sont réunis pour la fabrication annuelle de la meule. Cette année, pas d’allumage prévu, à cause d’une interdiction préfectorale en prévention des feux de forêt. Soulignant la sûreté du dispositif, l’association conteste devant l’œuvre inachevée pour sensibiliser sur l’importance de cette tradition.

L’association compte près de 120 membres de tous les âges.

Une cinquantaine de personnes se sont mobilisées samedi 22 juillet à Lembach pour empiler les quarante-cinq stères de bois en une demi-sphère de plus de deux mètres de haut. Ils y ajouteront entre autres plus de quinze centimètres de terre par-dessus et obtenir une meule nécessaire à la fabrication du charbon de bois. C’est un savoir-faire ancestral transmis tous les ans par l’association les Charbonniers du Fleckenstein à Lembach. Hélas, l’évènement principal de leur présentation, l’allumage de la meule, n’aura pas lieu cette semaine. Au lieu de cela, Charles Schlosser, président de l’association a organisé un rassemblement devant la meule, prête à se consumer.


La meule est recouverte de terre, qui est, en partie, réutilisée des précédentes meules, puis humidifié pour isoler le four.

La peur du danger

« C’est incompréhensible pour nous d’être concerné sur cet arrêté préfectoral, annonce-t-il, la voix tremblante. La meule est un four, il n’y a pas de flamme à l’intérieur. C’est normal de s’inquiéter, mais nous ne sommes pas une menace pour l’environnement. Il suffit de voir notre dispositif pour s’en rendre compte. » Pour l’association, il est impossible de reproduire l’événement après l’arrêté en place du 15 mars au 15 octobre. Ne pas allumer cette meule représentera une perte de 15 000 euros pour l’association à cause de l’achat du bois et de la perte de la revente du charbon déjà commandé qui doit normalement être produit.


Le président des Charbonniers du Fleckenstein, Charles Schlosser,
annonce les difficultés que rencontre l’association à cause de l’interdiction d’allumage de la meule.

Le seul moyen d’y remédier serait d’obtenir une autorisation dérogatoire auprès du sous-préfet pour allumer la meule. Ayant pris ces fonctions récemment , celui-ci se retrouve pris entre deux feux. La décision prise par son prédécesseur mardi 5 juillet d’interdire l’allumage est encore trop fraîche pour être revue. « J’ai déjà contacté le sous-préfet. Il m’a proposé une réunion à la fin de l’été avec le président de l’association pour en discuter, explique Nathalie Marajo, conseillère départementale du Bas-Rhin. Quand on ne connaît pas, on a peur, c’est naturel. Il faut donc faire de la pédagogique et aller voir cette meule pour se rendre compte que ce n’est pas dangereux. »

Sensibiliser en attendant

Communication et sensibilisation, c’est par l’enseignement que l’association va passer pour se faire comprendre. « À première vue, la meule est impressionnante. Pourtant, lorsque c’est allumé, on peut même marcher dessus pour tasser la terre », explique Benjamin Muller, membre de l’association depuis cinq ans.

Outre la terre étouffant toute potentielle flamme, l’association avait mis en place une surveillance de la meule en permanence avec un moyen de contrôle incendie. En attendant une décision, les membres de l’association sensibiliseront les touristes de passage. La meule, elle, restera sur place.

texte et photos : DNA