L’événement phare de l’été à Lembach, organisé par les Charbonniers du Fleckenstein entre le samedi 22 juillet et le dimanche 6 août, va perdre une très grosse partie de sa saveur. Les services de l’État ont interdit l’allumage des meules pour produire du charbon de bois. L’association est désemparée.
Sans allumage des meules, normalement au nombre de trois (la première, la seconde et celle des enfants),
c’est toute l’atmosphère de la manifestation qui s’en retrouve impactée.
Coup de massue pour les Charbonniers du Fleckenstein. La 25e Semaine des charbonniers, l’événement phare que l’association lembachoise organise chaque année durant quinze jours entre fin juillet et début août, n’aura pas lieu. Du moins, très loin de sa configuration habituelle. Sur la période prévue du samedi 22 juillet au dimanche 6 août, seuls trois temps forts sont maintenus : une randonnée mardi 25, une conférence samedi 29 et un office œcuménique dimanche 30 juillet.
Pas de flammes avec la pyrolyse
Mais ce qui fait l’essence même de cette manifestation, dont l’esprit est de ressusciter le métier ancien de charbonnier, sera absent du programme. En effet, aucune meule, destinée à produire du charbon de bois, ne pourra être allumée. Conséquence d’une décision de la sous-préfecture de Haguenau-Wissembourg qui, par un courrier en date du 5 juillet, a suivi les directives de la préfecture du Bas-Rhin et a refusé d’accorder une dérogation à l’association. Dérogation qui aurait dû permettre de s’affranchir d’un arrêté datant de… 2009, portant sur l’usage du feu en forêt et l’incinération des végétaux. Ainsi, tout allumage de feu dans ce type d’environnement et jusqu’à une distance de 200 mètres est, en théorie, proscrit. Or, la Semaine des charbonniers se tient précisément en secteur forestier, à deux pas du château du Fleckenstein.
Pour le président Charles Schlosser , c’est l’incompréhension, d’autant plus que, jusqu’à présent, la structure n’avait jamais eu besoin de demander une quelconque dérogation. « Quand on allume une meule, il n’y a pas de flamme. C’est une pyrolyse, sans apport d’oxygène », explique-t-il, excluant le risque d’incendie qui préoccupe la préfecture en ces temps de sécheresse et fortes chaleurs. « On avait tout de même mis en place une réserve de cent mètres cubes d’eau, et il y aurait eu trois veilleurs, de jour comme de nuit », poursuit-il.
Amer, il déclare « avoir tiré un trait sur l’édition 2023 ». Contacté, le nouveau sous-préfet de l’arrondissement Stéphane Chipponi, a indiqué qu’il ne reviendrait pas sur le choix de son prédécesseur Christian Michalak de ne pas accorder de dérogation. « Mais je suis prêt à discuter avec l’association à la fin de l’été pour trouver des solutions pour les prochaines éditions, étant donné que la problématique de la sécheresse a vocation à durer », a-t-il ajouté.
Des rentrées d’argent compromises
Pour l’heure, c’est bien un certain fatalisme qui est donc de rigueur. « Il n’y aura pas de festivités. Alors que tous les ans, ce sont plusieurs milliers de personnes qui viennent sur les deux semaines. Les gens sont curieux de voir ces meules ! »
À terme, l’impact économique pourrait être grave pour l’association. Car le charbon de bois produit à cette occasion a vocation à être vendu, et de nombreuses commandes ont déjà été enregistrées. « Si on ne peut plus en faire, on pourra toujours vendre le bois lui-même, mais les recettes ne seront pas les mêmes », soupire Charles Schlosser.
L’arrêté de 2009 s’étalant du 15 mars au 15 octobre, il serait toujours possible de fabriquer de charbon en hiver, mais cette solution serait trop contraignante pour les bénévoles pour des raisons pratiques, en particulier à cause d’une luminosité bien plus faible durant cette saison.
Les projets envisagés s’en trouvent également compromis. « On souhaite construire un espace de médiation de 80 m² sur l’histoire des charbonniers, pour 2025, qui serait accessible gratuitement au public », annonce-t-il. Intenable sans rentrées d’argent…
Symboliquement, une meule sera malgré tout montée, sans allumage, ce samedi 22 juillet dans la matinée, sur l’aire des charbonniers. Le public y est invité afin de soutenir le maintien d’une manifestation largement ancrée dans les coutumes locales.
texte et photo : DNA