Retrouvailles au Disteldorf

Deux jeunes randonneurs allemands, partis ce dimanche 18 septembre pour découvrir le « Geisterdorf » (village fantôme ) du Disteldorf eurent la surprise de trouver près de 200 personnes attablées en plein air. Pour la journée du patrimoine, quelques 160 descendants de familles ayant vécu dans ce hameau avaient répondu à l’invitation de l’association des charbonniers du Fleckenstein.

Pendant une journée, le hameau du Disteldorf a revécu. On entendait dans « la rue » des rires d’enfants se mêlant aux exclamations d’adultes découvrant les vestiges subsistants du lieu de vie de leurs grands-parents et arrière-grands-parents. Parmi les visiteurs se trouvaient aussi des personnes ayant passé leur enfance, avant 1939, au Disteldorf. Depuis 1868, le village avait sa propre école qui faisait également office d’église. Il comptait aussi une maison forestière et à partir de 1900, un réseau de distribution d’eau potable. Son origine remonte au 17e siècle où les Fleckenstein font construire une verrerie près de Mattstall. Le nom Disteldorf est mentionné pour la première fois en 1651 et devient un village de charbonniers qui dépend administrativement de Lembach. En 1831, il compte 12 maisons abritant plus de 100 personnes. Il s’agissait essentiellement de familles nombreuses et dans la cour commune des Wucher et des Schlick se côtoyaient les 14 et 17 enfants des deux familles. Les maisons, évacuées en 1939, sont endommagées en juin 1940 par des tirs d’artillerie. Seule la famille Isel Nicolas retournera y vivre au retour de la Haute-Vienne. Les autres familles resteront à Lembach et l’administration nazie fera démolir leurs maisons en 1942.

Dimanche, la grande majorité des participants se retrouva en début de matinée devant la mairie de Lembach pour rejoindre à pied (5 km) le Disteldorf, par le chemin qu’avaient emprunté autrefois leurs aïeuls. Les charbonniers du Fleckenstein avaient réservé à leurs invités une surprise : une meule bien fumante les plongeant dans l’ambiance d’un village charbonnier d’antan. Le charbonnier Guscht (Auguste Goetz) avait installé près des vestiges des maisons un panneau explicatif avec photos anciennes et arbre généalogique de chaque famille. Avec le président et maire Charles Schlosser, les deux hommes, fils (s’Getze) et petit-fils (s’Lammers), de familles du Disteldorf, assurèrent la visite guidée des lieux avec maintes explications, anecdotes et lecture de témoignages comme celui de Frieda Bierling « mon enfance au Disteldorf ». Même le temps se mit de la partie et le repas, goulasch et purée « Stampfer », concocté par l’étoilé Fernand Mischler avec la complicité de Guido Muller, put être pris en plein air. Les charbonnières s’étaient chargées du dessert, des tartes aux pommes, et du café à l’ancienne.

Le cérémoniel débuta après le repas par l’inauguration d’un panneau d’information portant sur une face le plan du Disteldorf au 18e siècle et l’historique du hameau. L’autre face rend hommage aux charbonniers et à leur travail. C’est le charbonnier Bernard Spill (s’Schaggebels) qui rehaussa la cérémonie par des sonneries de cor d’harmonie. Dans la maison de Nicolas Isel, habitait de 1980 à 1990 la famille Lott . Leur fils Vincent est né au Disteldorf le 1er avril 1985. C’est à ce dernier que revint l’honneur de planter le châtaignier du souvenir à côté du panneau d’information.

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Enfant du pays, Cathy Bernecker, bottée et Disteldàrfer elle-même, a enchanté, avec son show en plein air, les descendants des charbonniers d’antan.

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La troisième partie fut récréative autour de Cathy Bernecker (Mademoiselle Mamsell ou l’Alsace racontée aux cancres) avec Fernand Bernecker (clarinette) et Jeannine Kreiss (accordéon). Le show en plein air, qui est « une première mondiale » selon Cathy, y associa aussi la chorale des charbonniers et le duo Hausswurth, Georges avec une adaptation de « Oh ! Henry » et son épouse Annelise née Spill (s’Schaggebels) qui a passé son enfance à Disteldorf avec la lecture de poèmes, dont certains écrits par son père. Bien à regret, les descendants des « Discheldàrfer » dont certains étaient venus de Thionville et de Lyon, reprirent le chemin vers la vallée.