Ce samedi matin 21 juillet, une bonne cinquantaine de charbonniers s’affairaient à nouveau sur leur aire au pied du château de Fleckenstein. Tandis qu’une petite équipe s’occupait de la finition des installations autour des chapiteaux et de l’abri, le gros de la troupe a réalisé le montage de la seconde meule, parfaite jumelle de celle montée le 15 juillet, avec à nouveau 60 stères de bois, environ 9 mètres de diamètre et 2,5 mètres de hauteur.
Pour la première fois, deux meules jumelles sont en activité simultanément
Pendant ces opérations, le président de l’association lembachoise Charles Schlosser, accompagné de quelques charbonniers dont un nouveau membre, Arnaud Boulois, a procédé à l’allumage de la première meule. La procédure est toujours la même : on remplit la cheminée centrale de 30 centimètres de diamètre sur toute sa hauteur en alternant charbon de bois et braises. Une fois que la cheminée crache une colonne de fumée — c’est le signe que le feu s’est transmis au bois empilé —, les charbonniers la remplissent avec des « incuits », des bouts de bois noircis restant de la saison précédente, avant de remettre en place le couvercle et de rendre le tout étanche avec des mottes de terre.
Au moyen d’une barre à mine, on perce alors des trous dans la couverture : sur le haut du dôme de la meule pour permettre à la vapeur d’eau de s’échapper, et au sol pour assurer une alimentation en air. La carbonisation, sorte de cuisson du bois à l’étouffée, est ainsi enclenchée. Pendant une dizaine de jours, elle nécessitera une gestion vingt-quatre heures sur vingt-quatre de l’arrivée d’air et de l’évacuation de la vapeur d’eau — environ 500 à 600 kg par stère de bois.
La « meule Elsa » baptisée
La première meule ayant été allumée le matin même, les charbonniers, qui fêtent cette année leurs 20 ans, ont bousculé leurs habitudes en allumant la seconde le même jour. Les équipes de « Schicht », les gardes de douze heures, assureront ainsi la veille simultanée des deux meules de soixante stères, et de celle des enfants allumée le lendemain.
Samedi à la nuit tombante, pendant la pause des musiciens de la Strasser Garde, Charles Schlosser a créé la surprise en appelant à ses côtés, pour la nommer marraine de la meule, une jeune charbonnière confirmée : Elsa Leflaëc, qui vient de décrocher son bac avec mention bien et entreprendra à la rentrée des études d’océanographie à Brest. Elsa, à laquelle a également été confiée la réalisation de la première meule « enfants », poursuit ainsi la lignée familiale de charbonniers, puisqu’elle est la sœur cadette d’Amélie, la « Köhlerliesel », reine des charbonniers d’Europe élue en 2017.
C’est aussi une équipe jeune qui a procédé à l’allumage, sous la conduite de Marc Knab, qui avait fait une meule spéciale de 40 stères l’an passé pour ses 40 ans. Il était assisté de Lucas Geng, le jeune forestier de Lembach, et de son amie Mathilde, des nouveaux venus dans l’association. Le baptême de la « meule Elsa » a été supervisé par Bernard Spill, qui a du reste assuré comme d’habitude les usuelles sonneries au cor d’harmonie.
texte : HUB K