De la céramique cuite dans la meule

Depuis des années, la potière et céramiste Stéphanie Spill profite de la semaine des charbonniers pour cuire et émailler des objets dans les meules. Les charbonniers d’antan, vivant isolés pendant neuf mois dans la forêt, devaient aussi se charger de la fabrication de leurs outils, voire de leur vaisselle. Ils s’improvisaient forgerons, fabricants de manches et potiers : ils cuisaient assiettes, bols et cruches directement dans la meule pendant la carbonisation du bois. Avec plus de 800 °C dans le cœur de la meule, ils avaient le four idéal pour émailler leurs ustensiles.

Des dons aux associations

La céramiste, descendante d’une famille de charbonniers du Disteldorf, a repris cette technique. Ainsi, chaque année les charbonniers repartent avec un objet souvenir en céramique : petit verre, feuille, fleur, sous-coupe, médaillon… Aidée par sa mère Anne-Lise, et maintenant par son fils Martin, elle prépare une centaine d’objets ainsi que quelques œuvres personnelles. Ces poteries sont ensuite posées, calées avec du foin, dans des paniers métalliques. Au moment du dressage de chaque meule, un panier est inséré entre les bûches de bois, la carbonisation à haute température faisant le reste. Il est récupéré délicatement à l’ouverture et après un temps de refroidissement, les objets sont brossés et lavés. Avec les caprices de la meule, l’émaillage de chaque poterie est unique.

texte et photos : DNA