Les enfants se font la main

Dimanche 25 juillet marquait l’ouverture de la première meule des charbonniers du château du Fleckenstein. Pour l’occasion, les enfants sont à l’honneur. Râteaux en main, l’heure est venue d’ouvrir le tas de terre qu’ils ont monté dimanche dernier.


Au milieu de la meule, des poteries ont été déposées et ont cuit en même temps que le charbon.
Un souvenir que les enfants ont pu emporter chez eux.

Dimanche 25 juillet était un jour tout particulier pour les jeunes recrues des charbonniers du Fleckenstein. Montre en main, Charles Schlosser, président de l’association, attend la nouvelle génération pour l’ouverture de la meule, qu’une vingtaine d’enfants ont montée dimanche 18 juillet. Un savoir-faire, que les aînés, dont les tas de terre fument encore à côté, essayent de transmettre , même si les candidats se font de plus en plus rares. Depuis la semaine dernière et durant quatre jours, les bouts de bois, renfermés sous la terre à l’abri des intempéries, ont brûlé pour devenir du charbon. Sept jours plus tard, l’heure est au bilan Il est temps de savoir si la meule contient le précieux sésame noir.

Perpétuer la tradition

Aujourd’hui, une chose compte plus que les autres. Ces moments de partage entre la nouvelle et l’ancienne génération sont surtout l’occasion de transmettre un métier artisanal perpétré depuis des décennies à Lembach. « On fait en sorte que ça plaise aux enfants. Souvent, ils viennent avec leurs grands-parents mais ne sont que de passage », explique Marc Knab, membre de l’association depuis « beaucoup de temps maintenant ».

L’un des objectifs de ces rencontres est donc aussi de trouver la relève. « On risque d’être fatigué un jour », blague Charles Schlosser. Mais loin de se décourager, le président raconte : « On a quelques enfants qui reviennent tous les ans. Evan, 10 ans, a monté la meule la semaine dernière. Pour venir il a dit à ses parents qu’il allait au parc, mais il est venu ici ».

Une jeune génération investie

Mais être charbonnier, c’est surtout une affaire de famille. « On emmène nos petits-enfants depuis qu’ils ont deux ans. Aujourd’hui, ils sont toujours impliqués. À tel point que leurs parents doivent organiser leurs vacances en fonction », se réjouit Madame Kettering. Et ce n’est pas Elsa, Léna, Margaux et Pierre qui la contrediront : « notre grand-père fait partie des charbonniers. Quand on était petits, dès qu’on a eu l’âge de donner un coup de main, on les avait dans le charbon », se souvient Elsa, la deuxième de la fratrie. Et Adam, 8 ans, habillé tout comme son grand frère Louis d’une tenue traditionnelle, est aussi venu aujourd’hui pour faire « comme papa qui est charbonnier ».

Objectif accompli

15 h 10, Charles Schlosser lance les hostilités. Tous les petits charbonniers, râteaux en main, attendent impatiemment de pouvoir découvrir ce que contient la meule. Pour Julia, la reine de la première meule des enfants, le rendez-vous ne pouvait pas être manqué. Queue-de-cheval haute, foulard rouge autour du cou et chapeau siglé « charbonnier », elle l’assure, de son petit mètre : « tout se passe bien ». Une nouvelle qui réjouit le président : « si tous ces jeunes sont encore là dans dix ans, on aura tout gagné ». Une chose est sûre, autour de la petite meule, les mains s’activent. La terre se diffuse, laissant un épais nuage de fumée et le charbon, lui, est bien présent. Les pieds chauffent sous la chaleur des morceaux de bois carbonisés et tout autour, les spectateurs, téléphones en main, immortalisent ce moment de transmission.

texte et photos :
Photo DNA /Laurine JEANSON