Retrouvailles au Disteldorf

Dimanche 15 septembre quelque 250 invités se sont retrouvés avec les charbonniers du Fleckenstein pour la seconde journée retrouvailles au village du Disteldorf. Une douzaine de stèles ont été inaugurées.

 

L’inauguration de la stèle de l’école du Disteldorf.

La première édition des retrouvailles en 2011 avait pour but d’inaugurer un panneau d’information sur ce village détruit en mai 1940 et pendant l’occupation (lire l’encadré). Cette année, la rencontre a débuté par le dévoilement de stèles en grès des Vosges, implantées le long de la voie publique à hauteur des 12 bâtiments ayant composé le village qui, en 1905, comptait 101 habitants — des familles se nommant Isel, Spill, Schmitt, Wucher, Schlick et Weissler.

Les familles se souviennent

La rencontre de dimanche était en priorité réservée aux descendants de ces familles, ou aux personnes ayant vécu ou vivant au Disteldorf après 1945. Un « Schwibbogen » (arc lumineux) implanté près de l’école a rappelé que celui de Johanngeorgenstadt dans l’Erzgebirge (Saxe) — le plus grand d’Allemagne, (25 mètres sur 8) —, a été dessiné en 1937 par Paula Jordan (1896-1986). Cette dernière, jeune allemande avait été nommée institutrice au Disteldorf en 1918, c’était son premier poste.

Le président des charbonniers et maire de Lembach Charles Schlosser a pu saluer notamment la médecin gériatre Élisabeth Halna, auteure du livre La Maison des vieux , qui a des origines au Disteldorf, tout comme le journaliste Christian Bach, entre autres.

Raymond Kehres, jeune octogénaire venu avec son épouse de La Wantzenau, se souvient des années 42-44 : il montait avec ses parents au Disteldorf en charrette tirée par des vaches pour aider son grand-père Auguste Weissler à ramasser les pommes. Ce dernier faisait du vin de pommes, et Raymond se souvient de la première fois où il a goûté son « Apflebumbes ». Il a rencontré sa cousine Christiane Muller, de quelques années sa cadette, qui avait vécu les mêmes montées au hameau, également pour ramasser les pommes, mais après la guerre. Les deux cousins se sont retrouvés à la stèle, devant les vestiges de la maison du grand-père, où un plant de vigne, planté par ce dernier, a survécu sur la propriété.

Les descendants des Isel se retrouvent

Les Isel ont aussi pu faire la connaissance du cousin Paul, descendant de Thomas Isel qui venait pour la première fois au Disteldorf suite à des recherches généalogiques. En 1872, après la défaite de 1870, Thomas s’était exilé en Algérie, refusant de devenir allemand. La famille est revenue en France en 1962.

Un couple de seniors de Seebach, qui avait un jour tenté d’aller au hameau où a vécu un aïeul, avait fait demi-tour pensant s’être perdu. Profitant d’un système de covoiturage en véhicule adapté, il a pu cette fois le découvrir et se rendre compte qu’il avait été à l’époque sur le bon chemin — ce dernier s’étire sur plus de 4 km.

Parmi les descendants des Isel se trouvent également deux maires, présents aux retrouvailles, André au Windstein et Roger à Hegeney.

La journée, sous un temps estival, était une belle occasion d’échanges, de rencontres et de découvertes. Le repas a été concocté par l’équipe réunie autour du charbonnier chef étoilé Fernand Mischler et les charbonnières pâtissières se sont chargées du dessert.

Le troubadour-chanteur François Ballis, avec son accordéon, a veillé à l’animation musicale durant le repas. Les sonneurs de cors des Alpes du Liebfrauenberg et la chorale des charbonniers, sous la direction d’Hubert Walther, ont agrémenté l’après-midi.

Une majorité des participants avaient fait le trajet de Lembach au Disteldorf à pied, guidés à l’aller par Charles Schlosser via le Totewaj et par Michèle Gaubert par le Nejerwaj.

La maison Isel datée de 1764, est la seule qui était encore habitée après guerre par Nicolas, décédé en 1974, et jusque dans les années 80 par sa veuve Cécile. Aujourd’hui elle est la propriété de M. Rist qui l’a restaurée.

Photos et texte : Hubert Kettering